dimanche 21 octobre 2007

Séquence émotion...

... pour moi (et quelques milliers de personnes, au passage...) hier soir au Zénith de Toulouse.
En effet, comme 98% de la population homosexuelle de la ville rose, j'étais hier soir au concert de Zazie. Le dernier de sa tournée. Dommage, je serais bien retourné la voir! J'ai déjà mis une option sur le dvd du live.

Alors force est de constater une chose: si je ne savais pas pourquoi j'aimais Zazie, maintenant, je le sais! Perso, je me fous globalement des textes des chansons, en général, car si on devait tenter de comprendre le 1/4 des paroles de la moindre chanson anglaise, on se sentirait con à écouter de pareilles daubes. Pour la chanson française, c'est pareil: les paroles, c'est pas le plus important. Pour moi, une chanson, c'est de l'émotion. Je vais me la jouer séquence "allongez-vous sur le divan" avec Mireille Dumas en guest, mais une chose est sure, le concert, pour moi, a une force émotive sans comparaisons avec l'écoute d'un CD. Je suis un roc, certains m'ont vu traverser quelques épreuves sans sourciller, et j'en ris, mais quand je dois craquer, je craque. Heureusement pour moi, j'ai gardé le roc entier hier soir, sinon c'était dépression nerveuse assurée. Présentation de ma vie du moment: ma grand-mère qui meure d'un cancer, ma mère qui craque. Version courte, mais qui résume bien la situation. Vendredi, ma génitrice dormait chez moi. Hier matin, au réveil, je la trouve en train de pleurer: elle craquait, car en plus de perdre la vie petit à petit, ma grand-mère perd la tête, et il suffit que ma mère s'éloigne un peu pour qu'elle fasse n'importe quoi. Bref, l'ambiance est pas folichonne, je suis le fils unique, y'en a qu'un pour mener le bateau familial depuis un an d'évolution du cancer, et c'est moi. Le ciment familial, en somme.

Et hier soir, v'la t'y pas que Zazie décide de nous faire un concert émotion, en nous casant tous ou presque ses morceaux les plus tristes et les plus poignants. A mon gout, il n'en manquait qu'un pour m'achever, c'était "Chanson d'ami". Mais le pire a été le moment où elle a commencé une chanson que j'avais gommé de ma mémoire, je ne sais pour quelle raison, mais qui dès 3 paroles, m'a ressurgit à la conscience sans crier gare à la parole près... Le problème, c'est que le MisterB a beau se la jouer roc, il est super émotif, surtout en ce moment, donc, et avait déjà eu les larmes à l'oeil une bonne 1/2 douzaines de fois avant cette chanson, mais avait gardé sa contenance. En même temps, pas le choix, le fan de Zazie fait 1m75 au garrot, et moi avec mon 1m80, je dépassais de la moitié de la salle, et la moindre larme aurait été repérée aussi facilement que Mickael Jackson dans un camp de réfugiés rwandais. Il m'a donc fallut prendre sur moi, mais j'y suis arrivé. Cette chanson, c'est "Si j'étais moi", chanson qui me colle à la peau depuis trop longtemps déjà, car elle raconte un peu ma "façon d'être malgré moi"...
Et, à l'instar des séries américaines qui comblent le vide de leurs épisodes en affichant d'interminables séquences de femmes moitié nues courant sur la plage, je vais étoffer mon post des paroles de cette chanson!

Si j'étais moi

Si j'étais moi,
Ni la montagne à gravir
Au bord du vide, la neige à venir
Ne me feraient peur

Si j'étais moi
Ni les pages à écrire
Ni de trouver les mots pour le dire
Ne me feraient peur

Mais je me lâche la main
Je m'éloigne de moi
Je me retrouve au matin
Sur la mauvaise voie
Quand on se perd en chemin
Comment venir à bout
De ces efforts inhumains
Qui nous mènent à nous

Si j'étais moi
Ni la femme que je suis
Ni même l'homme qui dort dans mon lit
Ne me feraient peur

Si j'étais moi
Ni les démons que je cache
Les idées noires, les flammes que je crache
Ne me feraient peur

Mais je me lâche la main
Je m'éloigne de moi
Je me retrouve au matin
Sur la mauvaise voie
Quand on se perd en chemin
Comment venir à bout
De ces efforts inhumains
Qui nous mènent à nous

Si j'étais moi
Tout ce que j'ai sur le cour
Ce que je fais de pire et de meilleur
Ne me feraient peur

Si j'était moi
Ce que je fais de pire et de meilleur
Ferait mon bonheur


Rien de bien original, me direz-vous? Peut-être, mais bon... moi, ça me parle, c'est le plus important. Ce "si j'étais moi" redondant me ramène à une question qui me taraude perpétuellement: qu'est-ce que je fais de ma vie? Où vais-je comme ça? Pourquoi? Je subis ma vie autant que je la vie, justement. Mais cette question n'a toujours pas de réponse... Se fixer un but, c'est facile, mais se fixer un rêve, ça, c'est beaucoup plus dur... Ca me ramène aussi au fait que ma vie n'est que comédie, je joue perpétuellement un personnage, et je m'y perds, à force de le jouer: où se situe le personnage, où se situe ma personnalité? A force de jouer au mec aigri et cynique, ma personnalité n'est-elle pas devenue elle-même aigrie? Je ne sais plus trop qui je suis... Je voudrais être quelqu'un de bien, mais ne suis-je pas qu'un connard parmi tant d'autres? Et tout ça peut être relié à d'autres couplets, comme celui qui suit. Ce couplet me ramènent à des attitudes que j'ai malgré moi, vous savez, ces mots qu'on dit mais qu'on ne voudrait pas dire, ces phrases acides qui sortent meme si on sait qu'elles ne devrait pas sortir... et aussi à cette part honteuse qu'on a, qu'on ne dit pas, qu'on voudrait changer mais qui, malgré tout, fait partie de nous...
" Si j'étais moi
Ni les démons que je cache
Les idées noires, les flammes que je crache
Ne me feraient peur"
Ce petit couplet va même me mener à présenter des excuses et des remerciements à des personnes comme Gauthier ou Emma qui me supportent malgré tout... merci d'être là et de ne pas vous limiter à l'immonde personnage que je suis trop souvent.

Des années que je remets à demain ces réflexions ou interrogations, telles que "bon, maintenant, tu fais ce que tu veux vraiment faire, pas ce que tu dois faire" ou "et si c'était vraiment ça que tu voulais faire de ta vie?" Maintenant, il va falloir que ça change. J'avance à vue sur un chemin sécurisé et suffisamment éclairé, mais désormais, je mets le radar, j'avancerai à taton, certes, mais dans la direction qui me plait.

Voilà! Merci aux 3 perdus qui auront eu le courage de lire ces lignes jusque là, vous m'avez économisé 2 ou 3 mois (années? décennies?) de psychanalyse, mon porte-monnaie vous en est trés reconnaissant!

PS: j'ai du caser 538 fois "malgré"(moi/tout/etc), j'en suis désolé, mais ce "malgré" résume aussi pas mal ma façon de vivre...
PS 2 : et voilà comment zapper d'un concert de variété-pop à une psychanalyse en règle! ;)